Le Bébé, de Robert Munsch,
un livre d’éducation à l’avortement destiné aux enfants de 3 à 8 ans.

Texte de Robert Munsch
Illustré par Michael Martchenko
Edition La Courte échelle, Montréal, 1983.
Livre destiné aux enfants de 3 à 8 ans.
Edition originale de ce livre à été réalisée en Ontario, en 1982 par Annick Press sous le titre Murmel Murmel Murmel.
« Robert Munsch is the author of more than 25 books for children including The Paper Bag Princes and Stephanie’s Ponytail. He was born in Pittsburgh, Pennsylvania and studied to be a Jesuit priest before deciding to work with children instead. He taught in a variety of nursery schools and daycare centers while he earned an MA in Early Childhood Education. In 1975, Munsch and his wife, Ann, moved to Guelph, Ontario. The Munschs have three children: Julie, Andrew, and Tyya (see them all in Something Good!) » Source: Amazon
RESUMÉ
Une petite fille de cinq ans sort de chez elle pour aller jouer dehors et trouve un bébé au fond d’un trou. La petite fille décide qu’elle est trop jeune pour s’occuper de cet enfant et tente de trouver un adulte pour l’aimer et l’adopter. Elle part seule avec l’enfant dans les rues de la ville et parle aux gens pour leur demander s’ils ont besoin d’un bébé. La plupart des gens qu’elle rencontre ne peuvent pas s’occuper de l’enfant pour des raisons diverses. Elle finit par trouver un homme qui a besoin d’un bébé et qui est intéressé à le garder. Elle accepte de lui donner l’enfant et pour la remercier, l’homme lui donne son camion. Le livre se termine par un dessin représentant la petite fille, heureuse, au volant de ce camion.
CRITIQUE
Le livre commence et finit par 2 versions antagonistes d’une même fillette nommée Valérie. La première version, officielle, présente Valérie comme ayant 5 ans et trop jeune pour s’occuper d’un bébé qui l’encombre et qu’elle a du mal à porter. La second version, qui se révèle au fil de la lecture, est une jeune fille rebelle, libérée de la maternité et de sa propre famille qu’elle a échangé contre un avenir solitaire fait de travail.
Hors de son milieu familial et jouant seule dans la rue, Valerie remonte seule une rue de sa ville pour parler aux gens qu’elle ne connaît pas. Son allure évoque celle d’une enfant de la rue, orpheline et pauvre, qui n’est pas particulièrement féminine ni apprêtée. On dirait presque qu’elle vit dehors lorsqu’elle s’assoit sur le trottoir avec ce bébé trouvé dans un trou. Elle fait penser à une jeune guerrière, avec en guise de cheveux une sorte de casque. L’allure de la bambine et le contexte dans lequel elle évolue, laisse à penser que Valerie aurait plutôt 11 ou 12 ans mais cela dans la version cachée de ce livre.


Cette pré-adolescente trouve par hasard un bébé dans un trou.
« Valérie enfonce son bras aussi loin qu’elle le peut, tire un grand coup et pop… elle en sort un bébé. »
Il est évident que ce trou dans le sol symbolise le canal de naissance de la pré-adolescente. Une jeune adolescente qui donne naissance alors qu’elle-même est encore à moitié une enfant. Dans une perspective pro-choix, ce bébé trouvé par hasard dans un trou incarne l’enfant non-désiré par la mère qui le rejette parce qu’elle n’est pas prête à l’accueillir.

La réaction de Valérie lorsqu’elle dialogue avec le bébé est froide et sans attachement.
« Gla, gla, gla », fait le bébé. « Gla, gla, toi-même, répond Valerie. Je n’ai que 5 ans et je ne peux pas m’occuper d’un bébé. Je vais essayer de trouver quelqu’un pour prendre soin de toi. »
Pourquoi la petite fille se positionne -t-elle tout de suite comme le parent responsable de l’enfant si elle n’est pas réellement son parent dans le récit caché de cette histoire ? Pourquoi Valerie se préoccupe elle de savoir si elle peut s’occuper de ce bébé ? Lorsqu’une petite fille saine d’esprit rencontre un bébé, elle le cajole, elle joue avec lui, elle peut aussi jouer à être son parent sans se projeter sérieusement dans un rôle d’adulte comme elle le fait ici.

Mais ce livre de propagande d’éducation à l’avortement tente de brouiller les pistes à plusieurs reprises en insistant sur le bon coeur de Valérie qui tient absolument à faire adopter ce bébé en cherchant quelqu’un pour en prendre soin.
La réaction des gens qu’elle rencontre dans la rue est brutale. Presque tous rejettent l’enfant.
Valerie remonte la rue et demande aux passants qu’elle croise s’ils ont besoin d’un bébé. L’expression « avoir besoin » est utilisée à chaque fois dans le récit. Autrement dit, Valerie demande aux passants si ce bébé leur apparait comme une nécessité dans leur vie. On retrouve le même vocabulaire utilisé par l’industrie de l’avortement pour évoquer chez les victimes une vision matérialiste de l’enfant que la mère porte en elle, qui serait remplaçable et dépourvu d’âme à moins qu’elle en ait vraiment besoin!
« Planned parenthood » signifie au sens propre: « parentalité planifiée ».
Cette grossesse est-elle planifiée ou non planifiée dans votre vie ? Cette grossesse est-elle le fruit d’un projet commun ou est-elle un accident de parcours, un obstacle que vous devez franchir seule? Aviez-vous réellement besoin de ce bébé où est-il superflu dans votre vie? Selon cette perspective, pour naître et exister pleinement, l’enfant doit être la résultante d’un désir profond et répondre à un besoin. Car si vous n’en avez pas besoin alors, ils ont des solutions!
Le première personne repousse Valerie en expliquant que sa famille est trop nombreuse. « Grand Dieux, non! s’écrit la dame, j’ai déjà un bébé. »
La deuxième personne rejette l’enfant parce qu’elle le trouve sale. «WOUACH!, fait la vieille dame. Est-ce que son nez coule? » « Oui », dit Valérie. « WOUACH! fait à nouveau la vieille dame. J’ai déjà 17 chats et je n’ai vraiment pas besoin d’un bébé. »
La troisième personne prétexte un emploi du temps trop chargé. « Ciel non, dit la jeune femme, j’ai dix sept emplois, beaucoup d’argent et très peu de temps. Je n’ai pas besoin d’un bébé. »
La quatrième personne rejette l’enfant parce qu’il n’a pas d’amour à donner. «Je ne sais pas, répond le monsieur. Est-ce qu’il peut laver ma voiture ? Est-ce que je peux le vendre pour beaucoup d’argent ? » «Non », dit Valérie. « Alors à quoi cela peut-il servir ? » « C’est fait pour être aimé et embrassé et nourri et lavé » répond Valerie. « Alors, je n’ai vraiment pas besoin de cette chose », dit le monsieur.
Dans le livre Le bébé, de Robert Munsch, Le bébé trouvé par hasard (l’enfant non-désiré) est rejeté pour trois raisons différentes présentées comme étant le choix des gens abordés dans la rue par Valérie. Mais ces différents arguments ne sont-ils pas plutôt les raisons principales qui motivent l’industrie à vouloir généraliser l’avortement, à le banaliser et à vouloir le faire accepter comme un soin de santé par la population.
Première raison: réduire la population mondiale. « Grand Dieux, non! s’écrit la dame, j’ai déjà un bébé. » Pourquoi vouloir un autre bébé quand on en a déjà un? Cela semble absurde à qui sait réfléchir.

Deuxième raison: Nettoyer la société en se débarrassant des plus démunis, des gens qui font tâche parce qu’ils ne sont pas assez beaux, pas assez blancs. Pour le rendre conforme aux attentes d’une société hygiéniste, l’autorité médicale psychiatrise et médicalise l’enfant qui naturellement met le chaos, le désordre, casse, salie et est anticapitaliste de nature. Mieux vaut adopter un animal plutôt que d’avoir un enfant!

Troisième raison: mettre les femmes au travail et augmenter le temps de travail de tous le monde en entretenant le fantasme du bonheur obtenu par la consommation. « Ciel non, dit la jeune femme, j’ai dix sept emplois, beaucoup d’argent et très peu de temps. Je n’ai pas besoin d’un bébé. »

Quatrième raison: vendre les enfants issus d’avortement. « Est-ce que je peux le vendre pour beaucoup d’argent ? (…) Alors, je n’ai vraiment pas besoin de cette chose. »

Malgré ce qu’il annonce, ce livre s’adresse à des enfants d’environ 10 ans. Il veut travailler les esprits des gens qui auront l’âge de concevoir un enfant dans quelques années. Il cherche à détruire le lien d’attachement naturel qu’éprouve les enfants entre eux et l’amour filiale entre une jeune mère et son bébé.
Ce livre veut déconstruire l’instinct maternelle chez la petite fille pour éloigner la future mère de son enfant.
Le livre illustré Le Bébé de Robert Munsch a été édité au Québec en 1983. Cinq ans après la lecture de ce livre, les petits lecteurs seront en âge d’avorter de leurs enfants sans justification médicale puisque c’est en 1988 que le gouvernement du Canada lève les restrictions qui limitait l’accès à l’avortement pour que ce nouveau soin de santé soit utilisé comme un moyen d’émancipation par des esprits brisés et ignorants. En 1980, on compte environ 9000 personnes décédées d’avortement au Québec. Ce triste bilan a presque triplé au cours de cette décennie.

Une étude américaine très citée datant de 1988 liste les principales raisons pour lesquelles les femmes décident de choisir l’avortement. Cette étude est le résultat d’un sondage présenté à environ 2000 femmes. Dans 90% des cas, les femmes choisissent l’avortement pour des raisons qui, implicitement, sont suscitées par une absence totale d’attachement pour l’enfant comme si elles avaient été éduquées à ne pas aimer leurs propres enfants, comme si le lien d’attachement biologique avait complètement disparu pour des raisons obscures. Dans tous les cas de figure, l’amour que la mère éprouve pour son enfant est moins important que la question de l’argent, que sa situation maritale, que son parcours professionnel, que la question de sa maturité au moment où elle reçoit la vie.

Le livre Le bébé de Robert Munsch a participé ( comme beaucoup d’émissions de télévision de l’époque ainsi que d’autres publications pour adolescents sans parler des programmes scolaires ) a changer les esprits pour que l’enfant ne soit plus jamais considéré comme un enfant mais comme un objet ou devrait-on dire, un amas de cellule.
Au moment où Valerie désespère, un homme s’avance vers elle dans la rue pour adopter le bébé.
« Excusez-moi, dit Valerie, avez-vous besoin d’un bébé ?» (…) « Bien… en…en…!», répond le conducteur. «Gla, Gla, Gla», fait le bébé. « Tu as bien dit gla, gla, gla? », demande le conducteur. « Oui, répond le bébé. » « Alors, j’ ai besoin de toi » s’écrie le conducteur. Il prend le bébé dans ses bras et commence à remonter la rue.
L’histoire se termine bien pour le bébé qui se fait adopté par le camionneur. L’homme semble heureux d’avoir trouvé le bébé dont il avait besoin.


Pour remercier Valerie, l’homme lui offre un de ses camions
« Attendez ! crie Valérie, vous oubliez votre camion ! » « J’ai déjà dix-sept camions; ce dont j’ai besoin… c’est d’un bébé. » « Le camion… garde-le. »
La dernière image du livre montre Valérie conduisant ce camion. On ne voit pas sa réaction face à l’adoption de l’enfant mais elle sourit et elle est heureuse de conduire ce gros camion dans lequel elle semble toute petite.
Finalement le bébé a été vendu ou échangé contre un camion qui symbolise l’avenir de Valerie. Valérie ne sera pas mère au foyer mais son avenir sera fait de travail, ce qui semble la rendre très heureuse. Le travail salarié des femmes est perçu comme un idéal de vie, libérateur, émancipateur, porteur d’avenir, de joie et de plaisir.

Dans le livre pour enfant Le Bébé de Robert Munsch, le camion symbolise le déplacement temporel, notre avenir entant que société et l’avenir de Valérie. Il incarne également la puissance, le pouvoir social et financier qu’une femme peut acquérir par le travail! Plus le camion est gros, plus la personne qui le conduit est potentiellement puissante. De façon subtile, le livre invite les petits lecteurs à faire comme Valerie : à échanger leurs enfants contre un avenir fait de travail. La petite camionneuse Valerie est peut-être seule, mais elle est maintenant libre sur la route! Il est intéressant de mentionner que le camion s’en va vers la gauche. La gauche qui symbolise le progrès social. Le progrès social qui est ici représenté par l’enfant au travail. La promotion du travail chez l’enfant parle -t-elle aussi de son exploitation sexuelle?
https://www.psychologies.com/Therapies/Psychanalyse/Dictionnaire-des-reves/Camion